La pratique du tir à l’arc aux temps anciens n’avait rien de guerrier.
Elle était réservée exclusivement à l’élite -les ari’i et les chefs- au cours de rituels très codifiés et devant un public restreint trié sur le volet.
Elle se déroulait dans le cadre de cérémonies religieuses d’importance et revêtait du coup également un aspect sacré.
Ce sport se déroulait sur des plates-formes spécialement conçues à son usage au voisinage des marae. Les pratiquants ne recherchaient pas la précision du tir mais uniquement d’envoyer leur flèche le plus loin possible.
Les plates-formes étaient donc orientées vers la cime d’une colline dégagée de toute végétation ou dans l’axe d’un rivage.
Tout un cérémonial habillait la pratique de ce loisir très prisé des élites. Les participants revêtaient un habit spécial pour la compétition, le puhipuhite’a, conservé dans une maison spéciale à cet effet et consacrée à Paruatetava’e, le dieu des archers. « C’est là que les archers s’habillaient. ».
Teuira Henry rapporte qu’avant de concourir, les archers faisaient des prières et assistaient à des cérémonies de purification.
Les premiers navigateurs européens qui ont pu assister à de telles compétitions rapportent que la flèche pouvait aller au-delà des 300 mètres !
Principalement en pierres de basalte, la plate-forme était rectangulaire, en partie pavée, avec à son extrémité deux bras de pierre au bout desquels était érigée une pierre verticale.
L’archer se plaçait au centre du bras, en retrait des deux pierres érigées et tirait sa flèche selon un mode clairement défini.
Il mettait un genou à terre et bandait son arc en visant haut, avant de lâcher sa flèche au son des tambours.
Des guetteurs répartis le long du champ de tir donnaient la distance atteinte par les flèches de chaque concurrent.
Après la cérémonie, les vêtements des archers étaient soigneusement pliés et rangés dans le fare Paruatetava’e.
Plusieurs plates-formes des archers sont conservées à Ra’iatea, Huahine, Mo’orea, Tahiti et sur l’atoll de Tetiaroa (l’une des rares plates-formes en corail).
La plus connue est sans doute celle, restaurée et valorisée pour sa visite, à Opunohu, sur la route du belvédère de Mo’orea où deux autres ont été recensées.
Cinq sont connues également dans la vallée de la Papenoo et plusieurs ont également été inventoriées à la presqu’île.
Ce sport semble avoir été essentiellement pratiqué dans l’archipel de la Société -même si on en trouve des traces à Mangareva. La disparition de ce sport est liée à l’installation des premiers missionnaires qui, en brûlant les idoles, ont dû également détruire les habits, les arcs et les flèches dont il ne reste que quelques rares exemplaires, au musée de Tahiti et des Îles notamment.